Mercredi 15 février 2012.

Publié le par enseignementdeslitteraturespostcoloniales

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Il s'agit d'une véritable journée marathon. J'ai d'abord rendez-vous au lycée de Petite Terre à 8h. Je suis accueillie par la Proviseure adjointe. Nous discutons un petit moment et une collègue de lettres nous rejoint. Je leur explique exactement mon sujet de thèse. Elles sont prêtes à m'aider ce qui me rassure grandement pour la fin du séjour. Je m'isole avec la collègue afin de lui poser un certain nombre de questions. Elle est d'origine martiniquaise et se préoccupe beaucoup de l'enseignement des littératures postcoloniales. Elle m'indique rapidement, qu'à la Martinique, la question est presque réglée. A chaque niveau des élèves travaillent sur des oeuvres postcoloniales. Cependant, plusieurs personnes ont mené un travail de Titan pendant quinze ans pour convaincre les enseignants de l'intérêt d'inscrire ces littératures dans les progressions annuelles. L'entretien se poursuit sur la question de la maîtrise du français. Cette même collègue connaît parfaitement les difficultés liées à la diglossie, ainsi son enseignement est adapté aux élèves qui parlent shimaoré et français. Selon elle, les collègues ne sont pas assez formés en FLE ce qui ne leur permet pas de construire des cours adaptés aux besoins des élèves. De plus, l'enseignement proposé pendant des années, à Mayotte, à l'école primaire, n'était pas de qualité, c'est pourquoi plusieurs générations d'élèves traînent des lacunes jusqu'au lycée. Son discours est vraiment positif, encourageant et tourné vers les élèves. Elle ne souhaite qu'une chose: permettre à tous de réussir. La seconde collègue que je rencontre est beaucoup plus réservée. L'entretien ne dure qu'une dizaine de minutes. Il est déjà 10h et la salle des professeurs se remplit. Je découvre qu'un incident a eu lieu la veille.J'ai du mal à saisir tous les détails de l'affaire mais je découvre très vite que deux camps de professeurs se sont formés. Le ton monte et je me sens quelque peu perdue au milieu de tous. Une des enseignante m'aborde et me demande ce que je fais ici. Je lui présente donc mes travaux. Elle est, d'abord, enthousiaste mais elle est rapidement coupée par une autre. Elles sont toutes les deux professeurs de lettres. La seconde se montre vraiment agressive et m'indique que les programmes ne permettent de faire ce que l'on veut. Je tente le contre-argument mais elle est vraiment remontée. Elle trouve mon sujet inintéressant, me conseille d'abandonner tout de suite tant elle juge douteux l'ntérêt d'une telle thèse. Je suis tellement surprise par sa réaction que je décide de mettre fin à la conversation. J'en oublie de lui dire que je suis soutenue par deux excellentes directrices de thèse et que je n'ai eu aucune difficulté à faire valider mon projet devant la commission scientifique de l'Université. Je quitte donc le lycée. Je ne dois pas traîner car je suis attendue à midi à Mamoudzou. Je dois prendre la barge et j'ai encore un quinzaine de minutes avant d'atteindre le lycée. J'ai rendez-vous avec une collègue avec laquelle je vais faire une émission de radio. Nous devons donc la préparer. Elle est enchantée, adore mon sujet de thèse et pense que nous allons faire une bonne émission l'après-midi même. Je la quitte et rentre sur Petite Terre pour déjeuner. A 16h, je suis à la station pour l'émission qui se déroulera en direct sur Mayotte première. Je suis un peu stressée. L'émission commence et la discussion animée se met en place. La collègue me reproche mon jeune âge pour travailler en didactique, mais je me défends en mettant en avant mon parcours universitaire et professionnel. Je présente également mes travaux avec mes élèves. J'indique que j'ai travaillé sur des oeuvres de Mabanckou. Elle est franchement déçue. Elle n'aime pas cet écrivain et trouve qu'il ne travaille pas assez la poétique dans ses oeuvres. Je développe, autant que faire se peut, un argumentaire solide pour justifier mes choix pédagogiques. Je défends évidemment Alain Mabanckou, que j'affectionne particulièrement. Pour la défense de la collègue, elle a nourri d'étroites relations amicales avec Césaire et Glissant. Et puis, je la soupçonne de ne favoriser que des auteurs martiniquais...... Je quitte donc la radion ravie de mon exercice que j'estime réussi. Il est maintenant 17h et je suis fatiguée. Toutes les informations recueillies aujourd'hui se bousculent dans ma tête mais j'attends le lendemain pour tout mettre au clair.

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